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La Technique Alexander pour les acteurs

Dire que la Technique Alexander m’a permis de développer mes potentialités, c’est peu dire. Après plusieurs années de pratique et d’enseignement de la Technique Alexander, je suis toujours comédienne, j’ai étendu le champ de mes activités à la mise en scène, à la production de spectacles et à l’enseignement au travers de cours de théâtre.

Ce lien étroit avec la scène me donne l’occasion d’explorer de manière continue, concrète et pratique, l’application des principes de la Technique Alexander au travail de l’acteur. Ceci dit, il n’y a pas un seul aspect de ma vie qui ne soit profondément influencé par elle.

Une Decouverte

Quand j’ai découvert la Technique Alexander, j’étais à la recherche d’un outil qui me permettrait de mettre fin à la sensation désagréable et persistante de ne pas être maître à bord dans mon travail de comédienne, problème que je n’avais pas pu résoudre dans le cadre de ma formation. Ma tête voulait une chose, mon corps en faisait une autre. A un niveau plus subtil, je me sentais gênée et coupée en deux, séparée de mon corps. Sans m’en rendre compte, ce conflit me plongeait dans un état de tension permanent. J’avais pourtant entrepris une formation de type plutôt physique où j’ai touché à d’innombrables exercices et approches qui tendent à une meilleure conscience du corps. Mais aucune ne m’a été véritablement utile. Je sais aujourd’hui qu’elles ne m’apportaient que des réponses incomplètes, voire fausses parfois, car elles se basent généralement sur la séparation du corps et de l’esprit.

Une véritable relation à moi-même

La découverte et la pratique de la Technique Alexander m’ont donné les moyens de travailler à la résolution de ce conflit, à une meilleure compréhension des problèmes que posent les habitudes, mais surtout de les changer. J’y ai trouvé un outil répondant de manière globale à tous les aspects de ma recherche. Bien que le processus ne m’ait pas époustouflé par sa rapidité, il m’a immédiatement convaincue par sa pertinence et les changements profonds qu’il a provoqués dans mon travail. D’une manière subtile et inattendue, mes leçons de Technique Alexander m’ont permis de développer une véritable relation à moi-même, une connaissance et un contrôle plus conscient de mes réactions. J’ai appris un moyen sûr de pouvoir revenir à moi quelles que soient les exigences ou les difficultés rencontrées. Il m’a été possible de travailler avec plus d’intensité et davantage de recul, avec plus de puissance et moins de tensions, avec plus de précision et moins d’efforts, ceci toujours dans le sens d’une expansion plutôt que d’une restriction. La Technique Alexander m’a donné un moyen de continuer à travailler sur moi dans une continuité pour ne pas stagner ou rétrograder entre les différentes productions. En un mot, j’ai gagné considérablement en liberté, en perspectives et en sérénité.

Être dans l’instant present

Une actrice doit savoir manier un grand paradoxe : on doit être absolument dans l’instant, absolument dans l’instant suivant et absolument clair d’où on vient et où on va. Maintenir, disons, cet état de jeu, est extrêmement exigeant car on doit être capable de le faire sous la pression de la représentation. L’acteur un équilibriste. Il est donc crucial qu’il soit en pleine possession de ses moyens pour rester alerte et vivant, fluide dans la pensée et dans le mouvement. Toute tension excessive et non maîtrisée deviendra synonyme d’effort, de volontarisme, de manque de vie, bref, de mauvaise interprétation théâtrale.

La découverte d’Alexander m’aide concrètement tous les jours dans ma vie : je me rappelle de ne pas oublier de penser à laisser mon cou libre et de ne pas m’arrêter de respirer. Quand cela me réussit, c’est sublime. Je suis en équilibre, sur le fil, entre maintenant et l’instant d’après. Ma pensée est claire. Je continue mon action mais à l’intérieur de moi, je m’arrête, je fais comme un pas en arrière, je me retrouve, je m’oriente dans l’espace, je m’assure que mes oreilles entendent, que mes yeux voient, que je ne dérange pas ma respiration ; je laisse le sol me porter, ma tête aller vers l’avant et vers le haut et je repars comme rechargée, pleine d’une nouvelle force, parce que je suis présente, vivante, libre d’inventer, libre de jouer !

© Nathalie Sandoz

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